liszt-franz.com
La Faust Symphonie
Le thème du Docteur Faustus date du 16eme siècle. Personnage dépravé, magicien, astrologue, il s’était glorifié d’avoir conclu un pacte avec le diable Méphistophélès qui lui a permis de satisfaire tous ses désirs en échange de son âme. Il devint très vite un personnage de littérature, l’une des premières œuvres, la plus connue fut celle de Christopher Marlowe, poète anglais du 16eme siècle : Histoire tragique du Dr Faust.
Le Faust de Goethe
Goethe s’est emparé de ce thème qui l’a accompagné toute sa vie. Il en fit deux versions, la première la plus connue en 1808, Faust 1 et le second livre, Faust 2 avec une approche moins pessimiste fut publiée juste après sa mort en 1830.
Au travers de ses poèmes, Goethe a sublimé le mythe de Faust et en a fait une source d’inspiration majeure de tout le 19eme romantique sous toutes ses formes, en littérature, poésie, musique, peinture, théâtre et au siècle suivant le cinéma s’y ajouta .
La version qu’offre Goethe ne reprend pas exactement les mythes plus anciens, il y introduit notamment une histoire d’amour entre Faust et Marguerite.
Nous pourrions résumer ainsi le premier poème :
Le docteur Faust qui a passé sa vie dans la quête du savoir sans obtenir la satisfaction voulue souhaite se suicider. Le diable, Méphistophélès lui propose de lui rendre sa jeunesse et de lui apporter la richesse en échange de son âme.
Celui-ci reste toujours insatisfait, il va séduire puis abuser de l’innocente Marguerite qui, subjuguée, va courir à sa perte et à celle de sa famille. Enceinte elle se sent déshonorée et tue le « fruit du péché ». Emprisonnée, elle repousse Faust qui veut l’arracher à son sort. Elle préfère s’abandonner à Dieu. C’est alors qu’une voix d’en haut la proclame sauvée. Dieu a pardonné.
Liszt et Faust
Méphistophélès accompagnera le très croyant Liszt sa vie durant, en musique bien sûr, de la Faust Symphonie à toutes les Méphisto valses et au travers de son obsession de la mort comme il pouvait la matérialiser par de petites choses ainsi d’une bague qu’il n’a jamais cessé de porter et d’une canne à l’effigie de Satan.
La Faust symphonie est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre absolus de Liszt.
Elle est postérieure aux deux autres grands Faust, celui de Berlioz, La damnation de Faust et celui de Schumann, Scènes de Faust.
Liszt a très exactement intitulé son Faust : Eine Faust-Symphonie in drei Charakterbilden,
1 Faust
2 Marguerite
3 Méphistophélès
Que l’on peut traduire Une Faust symphonie en 3 portraits de caractères ou en 3 portraits psychologiques
C’est Berlioz, son ami qu’il admirait tant qui lui a fait découvrir en 1830, le Faust de Goethe dans une traduction de Gérard de Nerval puis ensuite au travers de la fameuse Damnation de Faust et c’est à Weimar , la ville de Goethe où Liszt était Kapellmeister qu’ il composa sa célèbre symphonie.
Initiée en 1840 mais achevée en 1854 après deux mois de travail intensif, elle fut jouée pour la première fois le 5 septembre 1857 lors de l’inauguration du monument à Goethe et Schiller devant le théâtre de Weimar. Liszt lui adjoindra 3 ans plus tard l’épilogue « Choral Mysticus » pour ténor et chœur d’hommes ….
Œuvre grandiose considérée comme un poème symphonique comparable à la 9eme de Beethoven, elle montre selon Alan Walker, la maîtrise de Liszt pour la composition orchestrale. Œuvre d’une absolue nouveauté pour l’époque, elle fut dédiée à Berlioz.
Trop innovante, elle dérangea et tomba dans l’indifférence. Elle fut très peu jouée dont une fois par Hans von Bulow puis demeura à l’abandon pendant près d’un demi-siècle.
Aujourd’hui, reconnue, elle est unanimement considérée comme un monument de la musique romantique, pour ses innovations audacieuses, sa richesse musicale et sa grande subtilité.
Pour terminer, citons de nouveau Alan Walker : « plus elle s’éloigne dans le temps, plus elle semble grandiose. »
De l'interprétation des œuvres
Voici la contribution d'une internaute
« Il y a une grande mode aujourd'hui chez les jeunes interprètes, c'est de jouer le plus vite possible, et de faire le plus de mouvements possibles avec le corps, le visage, et les yeux en tournant la tête vers le public afin d'être vu. On a l'impression d'être dans la Rome antique, dans une arène, avec des fauves, la beauté n'est pas au rendez-vous dans ces cas-là.
La vitesse est parfois tellement rapide que l'on ne reconnait même plus les œuvres. Pauvres compositeurs ! Quand on pense que Beethoven, avant d'être sourd, piquait des colères contre ceux qui jouaient trop vite ses œuvres ! Il doit se retourner dans sa tombe, le pauvre, tout comme les autres.
Franz Liszt par exemple, sous prétexte que ses œuvres sont virtuoses, est joué très souvent sans sentiments. Mais pourquoi ne copient-ils pas les grands interprètes ? Parmi les vivants, il y a encore de merveilleux pianistes. Au festival Lisztomanias de Châteauroux, on a eu la chance d'entendre le merveilleux pianiste et professeur Bruno Rigutto en master class : il a passé son temps à ralentir ses élèves. Quelle interprétation des œuvres ! Et quelle maîtrise ! Beaucoup de jeunes laissent leurs doigts s'emballer. Le pire est lorsque le public applaudit à tout rompre ce genre d'exhibition. Heureusement qu'il reste quelques grands maîtres capables de faire comprendre à ces jeunes que la musique, c'est un art, et pas un duel contre son instrument.
Une mélomane »
La réponse de Liszt-franz.com , un jeune pianiste qui a bien compris cela.
L’ouverture du festival Lisztomanias Châteauroux a démarré avec l’Orchestre Pasdeloup et François Dumont qui a dirigé du piano le concerto pour piano et orchestre n°3 en ut mineur op37 de Beethoven dans la cadence de Franz Liszt.
Quelle est cette cadence ?
Citons Alan Walker dans son Liszt tome 1,
"Ce n’était pas contre les tempi rapides en tant que tels que protestait Schindler (1795-1864, biographe de Beethoven) mais contre le fait que les détails y perdaient leur effet. D’après Schindler, trois des experts les plus qualifiés de l’époque, Hummel, Hiller et Czerny s’accordent à témoigner du fait que Beethoven lui-même dirigeait ses œuvres plus lentement que ne fut la mode par la suite.
Ce furent les tempi lents de Liszt dans les symphonies de Beethoven qui attirèrent l’attention du critique J.C. Lobe (1797-1881) lorsqu’ il entendit pour la première fois Liszt diriger trois de ses œuvres à Weimar : « Liszt prit les symphonies de Beethoven dans un tempo généralement plus lent que nous ne les avions entendues précédemment et leur réalisation y puisa singulièrement bénéfice".
L’interprétation de François Dumont avec la cadence de Beethoven a fait l’objet de la part de Bruno Rigutto dans le cadre de sa master class du lendemain de l’appréciation suivante :
« Belle interprétation, on comprenait chaque note, c’était clair, tout ce qu’il a joué, c’était comme de la lumière »
Nous sommes d’accord avec vous Maître !
Les caricatures de
Liszt au piano
Les caricatures de Liszt
Bruno Rigutto et la Master Class
François Dumont
Site officiel Cliquez ici
François Dumont et l'Orchestre Pasdeloup - Lisztomanias 2020
Les caricatures de Liszt au piano notamment pendant sa Glanz-Period sont célèbres en particulier celles de Jànos Janko peintre et caricaturiste Hongrois publiées en 1873 et celle du peintre portraitiste Henri Lehmann le montrant en gravitation alors qu´il interprète son fameux galop chromatique. Liszt vivait sa musique avec tout son corps et cela était innovant voire choquant pour l’époque aussi ne manquait on pas de l’opposer à son non moins célèbre et concurrent de l’époque, Sigismund Thalberg. Citons Heinrich Heine, écrivain allemand :
« Il est impossible d’imaginer un contraste plus tranché que Thalberg, noble, sensible, intelligent, tendre, calme, Allemand et même Autrichien opposé à Liszt, emporté, orageux, volcanique, fougueux comme un titan »
François Joseph Fétis, musicien et critique Belge qui détestait Liszt, autant que Heine, conclura que Thalberg est le champion de la musique de l’ avenir et Liszt l’ apôtre du passé ! Quelle clairvoyance !
Liszt a été le premier à mettre tout son corps y compris sa magnifique chevelure en osmose avec la musique qu’il jouait. Il entrait ainsi en transe subjuguant son public par sa virtuosité et son fascinant charisme.
Cela lui vaudra des charges bien imagées, Heine que nous venons de citer :
« Quand il s’assied au piano, qu’il a rejeté plusieurs fois en arrière sa longue chevelure et qu’il commence à improviser, il se jette souvent avec furie sur les touches d’ivoire, alors surgit une forêt de pensées chaotiques … ». Plus tard en 1841, il écrira : « Liszt est une sorte de phénomène météorologique, quand il dépeint un orage au piano, nous voyons des éclairs ébranlant ses traits convulsifs, ses membres semblent secoués par la tempête et ses longs cheveux semblent ruisseler de pluie »
De nombreux autres témoignages dépeignent Liszt au piano, parmi les plus célèbres
- Friedrich Wieck professeur de piano allemand, père de Clara Schuman, « Certains pianistes transpirent, balayent leurs cheveux qui tombent sur leurs yeux, lorgnent l’auditoire tout énamourés d’eux-mêmes. »
- Ernest Legouvé, écrivain français le décrit comme "un animal sauvage jetant constamment ses cheveux en arrière, ses lèvres tremblantes, ses narines palpitantes, balayant le public de son sourire".
- Louis Moreau Gottschalk, pianiste et compositeur américain, fit en 1860, l’une des charges les plus féroces « Quand il jouait, le mouvement de sa tête, le balancement miraculeux de son corps, les contractions de ses énormes doigts le faisait ressembler à un fakir dans les affres d’ une convulsion extatique. Se penchant en arrière , les yeux fermés, la bouche serrée, secouant son immense chevelure, se ruant sur le clavier comme une bête sauvage sur une proie, balayant de ses cheveux les touches, les emmêlant de ses doigts sur ses yeux endoloris, il semblait lutter comme les anciens pythons dans l’ étreinte d’ un dieu invisible ».
Nous voyons que la chevelure fait largement partie du mythe lisztien . Pourtant Liszt n´ a pas été le premier à adopter cette coiffure romantique, à commencer par Beethoven et surtout Paganini. Il eut de nombreux suiveurs notamment parmi ses disciples, comme Anton Rubinstein et Arthur Friedheim qui tous deux avaient coutume de rejeter leurs cheveux en arrière quand ils jouaient.
Toutes ces démonstrations acrobatiques étaient-elles gratuites, répondaient elles au désir de Liszt de se faire de la publicité ou plutôt, comme l’explique Jean Marc Onkelinx sur son blog, ne sont-elles pas liées à la pensée musicale très sophistiquée de Liszt : «Le geste possède une signification strictement musicale et même s’ il peut impressionner l’ auditeur et le spectateur, cette libération du corps permet au piano de faire un bond en avant. Et cela c’était vraiment nouveau » ?
Liszt Chef d'orchestre
"Liszt, à la tête d'un orchestre, est le prolongement de Liszt au piano" (Lina Ramann)
Sa musique très en avance sur son temps déroutait le public et les musiciens particulièrement médiocres dans la première moitié du XIXème. La direction consistait alors à battre la mesure et à laisser l'orchestre jouer seul, certains chefs, allaient même s'asseoir. le bâton sur les genoux. Liszt au contraire s'impliquait, il n'hésitait pas à bondir sur l'estrade pour reprendre les musiciens, Il dirigeait de tous ses membres, de tout son corps, se "tortillait" selon ses détracteurs. Mais battre la mesure n'était pas pour lui l'essentiel.
Sa gestuelle en tant que chef d’orchestre fut très critiquée à tel point que lassé, il jeta son bâton et écrivit :
« La véritable tâche du chef d’orchestre consiste, selon moi, à se rendre ostensiblement quasi inutile. Nous sommes pilotes et non manœuvres".
Les chefs de l’avenir donneront raison une fois de plus à ce précurseur.
La modernisation de la technique des pianos
D’autres éléments ont contribué au 19ieme siècle à améliorer la qualité, la rapidité du jeu, c’est la modernisation de la technique des pianos.
Apparition du piano à 8 octaves, une plus grande longueur des cordes, les marteaux de cuir sont remplacés par des feutres et surtout le double échappement mis en place par Erard en 1821, amélioré en 1833, qui autorise une répétition rapide des notes.
Caricature de Henri Lehmann. Liszt a 32 ans, il est au cœur de sa Glanz-Period.
Lehman peintre, ami de Liszt et de Marie d'Agoult dont il réalisa plusieurs portraits.
Cette caricature est intitulée
Galop chromatique exécutée par le Diable de l’harmonie le 18 avril 1843.
Liszt semble léviter de son siège, accréditant les critiques de ses acrobaties au piano. Il se mettait tout en mouvement, doigts, poignets, bras corps et même la chevelure dont il jouait provoquant parfois l’hystérie des foules et la fameuse Lisztomania
Les célèbres caricatures de Jànos Janko
Khatia Buniatishvili
pour voir la vidéo Cliquez ici
Glenn Gould Cliquez ici
Des gestuelles d'aujourd'hui
Lang Lang
pour voir la vidéo Cliquez ici
Liszt Chef d'orchestre
"Forte" et "piano"
Franz Liszt par l'image, Laszlo
Les Ad nos, ad salutarem de Franz Liszt "... L'œuvre la plus puissante que j'e n'ai jamais entendue à l'orgue … " Le Ad Nos de Franz Liszt comme porte d’entrée vers la découverte d’une pratique d’interprétation cachée du XIXème siècle. Traduction du titre du dernier ouvrage, en allemand, de Bernhard Ruchti,
Commentaires de Diane Kolin, musicologue, sur le livre de Bernhard Ruchti pour le site liszt-franz.com
L’œuvre pour orgue Ad nos, ad salutarem undam de Liszt a quelque chose d’envoûtant. Tiré de l’opéra Le Prophète de Meyerbeer, qui a inspiré de nombreux compositeurs et a donné lieu à de multiples transcriptions et variations, le thème Anabaptiste, assez court, a donné naissance à une variation pour orgue et pour piano quatre mains assez longue, composée par Franz Liszt. Le musicologue, pianiste, organiste et compositeur Bernhard Ruchti a exploré durant plusieurs années l’histoire de cette œuvre. De cette recherche est né le livre « "...das Gewaltigste, was ich je auf der Orgel gehört habe": Franz Liszts Ad Nos als Tor zur Wiederentdeckung einer verborgenen Aufführungspraxis des 19. Jahrhunderts », qui peut se traduire par « "…La plus grandiose œuvre pour orgue que j’ai jamais entendue…" : Le Ad Nos de Franz Liszt comme porte d’entrée vers la découverte d’une pratique d’interprétation cachée du XIXème siècle ». Disponible en allemand, il est prévu qu’il soit prochainement traduit en anglais.
L’ouvrage comporte deux parties principales, une conclusion et un chapitre de ressources. La première partie retrace l’historique de l’œuvre, depuis les représentations de l’opéra de Meyerbeer jusqu’à l’influence de la composition de Liszt sur celles de l’organiste et pianiste Julius Reubke. La seconde partie porte sur l’interprétation d’Ad Nos et les pratiques d’interprétation du XIXe siècle, notamment en termes de tempi, à partir de notes laissées par Liszt sur ses partitions autographes, mais également d'écrits de ses contemporains, parmi lesquels figurent, entre autres, Hans von Bülow, Richard Wagner, Lina Ramann et Richard Pohl. Un troisième chapitre relie les deux précédents au travail de Bernhard Ruchti sur les décryptages de tempi dans les œuvres de compositeurs du XIXe siècle. Il y mentionne notamment son enregistrement d’Ad Nos dans la Cathédrale de Merseburg, où l’œuvre fut créée en 1855, et que Ruchti a interprété dans son tempo original sur la base de sa recherche en 2019. Enfin, un dernière partie permet de mettre en relation des passages importants de ce livre avec la partition d’Ad nos et l’enregistrement de Ruchti sur l’orgue de Merseburg; ce chapitre sera tout particulièrement utile aux musicologues et interprètes souhaitant à leur tour tester les hypothèses de Ruchti.
Pour se procurer cet ouvrage Cliquez ici
Diane Kolin, musicologue.
Fait à Toronto, Canada, le 29 mars 2021.
Pour se procurer cet ouvrage Cliquez ici
Diane Kolin
musicologue
Franz Liszt compositeur de lieder enchanteurs et originaux
Le ténor Cyrille Dubois accompagné du pianiste Tristan Raës vient de sortir un CD enchanteur consacré à quelques-uns des plus beaux lieder de Franz Liszt Cliquez ici.... Il s'ajoute à d'autres enregistrements effectués par de prestigieux interprètes ; Dietrich Fischer-Dieskau a enregistré une anthologie accompagné par Daniel Barenbaum au piano (version vinyl : Cliquez ici..., Kiri Te Kanawa, Thomas Quasthoff, Jonas Kaufmann, Diana Damrau, Vincent Figuri, Cyril Huvé a aussi enregistré l'intégrale des lieder de Liszt accompagnant au piano plusieurs sopranos et ténors dont Ernst Haefliger.
Ils ont tous donné raison à Hans Richter (1843-1916), chef d’orchestre ; « you will see, we will have to come back to Liszt. The excellence imbedded within Liszt' s songs will find their right place among the major songs of Schubert, Schumann and Wolf in the twenty-first century“.
"vous verrez, nous reviendrons à Liszt. L'excellence enchâssée dans chacun de ses lieder trouvera sa juste place parmi les meilleurs lieder de Schubert, Schumann et Wolf au XXI ème siècle"
Le lied désigne une petite pièce musicale- à l'origine poème germanique populaire- chanté par une voix et accompagné le plus souvent par le piano. C'est l'équivalent de la mélodie française à qui Berlioz donna ses titres de noblesse. Les thèmes essentiels des lieder sont l'amour, la nature, les voyages, la nuit, le désespoir, la mort.
Schubert, que Liszt vénérait et dont il a transcrit plusieurs lieder, fut le plus prolifique, il en composa plus de 600, Schumann en composa 138. Pour Liszt ce serait 127 selon Alan Walker qui tient compte des reprises et des refontes conséquentes qu'il a effectuées à Weimar notamment sur les lieder qu'il avait composés pendant sa Glanz-Periode principalement de 1839 à 1849.
Il les a composés essentiellement en allemand (70%) mettant en musique des poèmes de Goethe, Schiller, Heine , mais aussi en français avec 8 poésies de Victor Hugo, en italien avec les sonnets de Pétrarque et en hongrois .
Comme d'habitude, Liszt le novateur, n'a rien fait comme les autres mélangeant les règles allemandes du lied avec les influences mélodiques françaises ou italiennes - en se référant à la tradition du bel canto et de l' opéra italien - et les influences tziganes. Busoni a bien résumé la ligne créatrice de Liszt :" la floraison mélodique du latin plane au-dessus de la profondeur de pensée du nordique ". En bref des compositions cosmopolites à l'image de Liszt qui n'ont pas plu, notamment aux puristes allemands qui l'accusèrent de dévoyer le genre du lied en lui donnant des couleurs et des structures trop transgressives.
Liszt dit avoir beaucoup travaillé ses lieder qu'il a sans cesse remaniés notamment à Weimar de 1848 à 1861 où il avait à sa disposition des interprètes de très haut niveau comme Emilie Genast, qu' il pouvait accompagner lui-même. Serge Gut cite l’avis de Liszt sur ses premiers lieder " Ils sont la plupart du temps d'un sentimentalisme trop boursouflé et l' accompagnement est souvent trop touffu". Il les a ainsi simplifiés, dépouillés au profit d'un ensemble équilibré, subtil, impressionniste, lyrique.
Il espérait néanmoins que ses lieder de plus en plus désespérés au fur et à mesure qu'il vieillissait, trouveraient un public mais sans trop y croire. Il écrivit à Brendel en 1859 qu'il serait encore critiqué. Pourtant combien de fois dans des cercles où il était honni, sa musique a été applaudie quand on ne savait pas qu’il en était le compositeur. Ainsi cet exemple cité par Serge Gut, dans un des salons qui lui étaient fortement hostiles, par erreur ses lieder présentés comme des œuvres posthumes de Schubert remportèrent un grand succès et furent bissés.
L’article du Monde du 17 janvier 1988 rend à Liszt, compositeur de lieder, ses lettres de noblesse.
Quelques lieder parmi les plus célèbres
- Lieberstraume (Rêve d'amour) est un recueil de 3 œuvres avec deux versions la première pour voix et piano et la deuxième est une transcription pour piano seul. Ils décrivent 3 différentes formes d’amour. Le premier décrit l'amour religieux, le second évoque l’amour érotique le troisième, le plus célèbre, sur un poème de Freiligrath parle de l'amour mature : " oh aime tant que tu peux aimer".
On sait peu de chose sur ces lieder sinon qu'ils ont été composés à une époque où cela allait mal entre Marie d'Agoult et Liszt, la rupture étant consommée. Pour en savoir plus, nous vous invitons à écouter l'émission Musicopolis du 14 février 2019 consacrée à ce lied. En savoir plus.
- Les trois sonnets de Petrarque, récits des amours du poète après sa rencontre avec Laure. Ces lieder extraits du livre 2 des Années de pèlerinage ont été inspirés par ses amours avec Marie d'Agoult au bord du lac de Garde. Ces sonnets ont été maintes fois remaniés, révisés, ils sont célèbres en version pour piano seul.
Nous vous invitons à écouter
Philippe Cassard dans l'émission de France musique " Notes du traducteur" du 20 juin 2015 Liszt, 3 sonnets de Pétrarque. En savoir plus.
Et à vous enrichir en lisant Philippe André Les années de pèlerinage tome 1 et 2 En savoir plus.
- Die Lorely fut le premier lied écrit sur un poème dramatique de Heine. Lorelei est le nom d'une nymphe qui attire les navigateurs du Rhin par ses chants jusqu' à leur perdition. On perçoit les traditions françaises et hongroises dans cette mélodie originale et captivante.
- Der Fisherknabe, aussi dramatique que le lied précédent, le jeune pêcheur sur le lac terrifiant engloutissant une innocente victime. Ecriture pianistique dépouillée, lyrique plus que virtuose.
- Les Lieder sur les poèmes de Victor Hugo : Enfant si j'étais roi, Oh quand je dors, Charmant gazon, Comment disaient-ils? Liszt et Hugo s’admiraient. Liszt lui a donné quelques leçons de piano. Écriture musicale pleine de charme inspirée d'une ligne mélodique française.
- Die drei Zigeuner de Lenau. Véritable chef d’œuvre, atmosphère tzigane.
On ne peut évoquer les lieder de Liszt sans parler des mélodrames, poèmes déclamés en musique qu'il composa au cours de ses dernières années. Il faut retenir Der traurige Mönch ( Le moine triste. ) composé en 1862 sur un poème de Nikolaus Lenau, œuvre audacieuse et originale. Alan Walker nous dit " c'est dans l' histoire de la musique, la première œuvre à appliquer la gamme par tons avec une telle rigueur. Il fallut attendre 50 ans, et les œuvres de Debussy, Schoenberg et autres pour voir une musique atonale comme celle-ci faire ses débuts officiels". Œuvre futuriste qui nous rappelle Le Pierrot lunaire de Schoenberg
(Sprechstimme) mais encore une fois Liszt Le précurseur , ne fut pas reconnu, toujours le même préjugé , « le célèbre virtuose qui ne savait pas composer ».
Liszt lui-même ne doutait-il pas de lui ou avait-il conscience de la modernité de ses compositions tardives lorsqu' il écrivit à Emilie Genast en 1860: "Ces dissonances atonales ne pourront probablement jamais être utilisées , tant elles sont monstrueuses et d' une sauvagerie inouïe". Émile Haraszti (Musicologue 1835-1958) lui répondra quelques décennies plus tard : « tous les compositeurs modernes polyharmonistes dodécaphonistes descendent en droite ligne de Liszt ». Hans Richter avait raison, son corpus de lieder à la musique virtuose mais dépouillée est aujourd'hui reconnu comme un chef d'œuvre et chanté par les plus grands après avoir été une source d'inspiration pour tant d'autres compositeurs, Hugo Wolf, Richard Strauss, Gustav Mahler, Debussy ...
Pour exemple deux lied de Liszt du plus connu au plus d’avant garde :
"Liebesträum" / Rêve d'Amour (Dubois/Raës) Pour écouter cliquer ici.
"Der traurige Mönch" /Le moine triste (Vincent Figuri / Lydia Jardon) Pour écouter cliquer ici.
Pour la version française du Moine triste (Jacques Roland) Cliquez ici...
Alan Walker Reflections on Liszt (Kindle)
Serge Gut Aspects du Lied romantique allemand Acte Sud
Brigitte François-Sappey Guide de la mélodie et du lied Fayard
Suzanne Montu-Berthon Un Liszt méconnu: Mélodies et lieder ( la revue Musicale)
Philippe André Années de pèlerinage de Franz Liszt ( 1,2 et 3) Aléa
Cyrille Dubois
Ferruccio Busoni
Pétrarque (1304-1374)
Laure Laure de Sade (1310-1348), dite aussi Laure de Noves ; la muse de Pétrarque
Die Lorelei
Carillon de Franz Liszt et la musique minimaliste
Composé par Liszt en 1870 pour l'anniversaire de sa petite fille Daniela von Bulöw, l'Arbre de Noël est un ensemble de douze pièces, souvent inspirées de chants de Noël. La sixième intitulée Carillon rappelle par le rythme saccadé du carillon la musique minimaliste de Philip Glass "Music with changing parts". Première minute à écouter pour comparaison. Cliquez à droite sur les deux morceaux.
Vos réactions, avez-vous d'autres exemples ? Cliquez ici...
Pour prendre plaisir à cette oeuvre dans son intégralité écouter les interprétations de France Clidat et Leslie Howard
Carillon extrait de l'Arbre de Noël de Franz Liszt
"comprendre le sens mystérieux du poème de Dante" - La Dante Symphonie de Franz Liszt
Nous avons beaucoup apprécié la conférence de Nicolas Dufétel* sur la Dante Symphonie de Franz Liszt en prévision du concert de l'Orchestre de Paris qui s'est tenu le 14 novembre dernier à la Philharmonie de Paris.
"Dante accompagna Liszt toute sa vie : dès les années 1830, il lui inspira une pièce de piano qui devint Après une lecture du Dante, d’après Victor Hugo, insérée dans la deuxième Année de pèlerinage (Italie). Au cours de ses tournées de virtuose, il voulut par la suite composer la Divine Comédie, en collaboration avec le poète Joseph Autran, pour orchestre, récitant et chœur. Cependant, il attendit d’être installé à Weimar pour finalement composer sa Dante-Symphonie entre 1855 et 1856. Wagner considérait cette œuvre, qui lui est dédiée, comme une « création aussi géniale que magistrale ». Selon lui, elle représentait « l’âme du poème de Dante dans sa transfiguration la plus pure » et, la musique se faisant exégèse, elle permettrait de comprendre le sens mystérieux du poème de Dante. On a par exemple souvent écrit que Liszt n’avait pas mis en musique le Paradis, puisque l’œuvre paraît être en deux mouvements : « Inferno » et « Purgatorio et Magnificat ». Cependant, la symphonie de Liszt, selon ses conceptions de la musique à programme, est comme une « vision » presque surnaturelle confiée au pouvoir de la musique. La conférence, illustrée par des documents inédits ou peu connus, se propose de revenir sur l’histoire, les mystères et le sens philosophique et religieux de cette œuvre unique, « un des actes les plus étonnants de la musique » selon Wagner".
*Nicolas DUFETEL est chargé de recherche au CNRS (IReMus/Institut de recherche en musicologie, Paris). Ancien Fellow de la Houghton Library (Harvard, 2009) et postdoc à la BnF et à la Hochschule für Musik Franz Liszt de Weimar (Institut für Musikwissenschaft /Humboldt Stiftung), il enseigne à l’Université catholique de l’Ouest (Angers). Ses travaux portent sur Liszt, le XIXe siècle et l’histoire de la musique au Levant. Auteur d’une thèse sur la musique religieuse de Liszt, il a notamment publié l’édition critique du livre de ce dernier sur Wagner, Trois opéras de Richard Wagner (2013), Tout le ciel en musique. Pensées intempestives de Liszt (2016) et la Correspondance entre Liszt et Carl Alexander, grand-duc de Saxe-Weimar (2018).
La Dante Symphonie : Dossier de la Philharmonie de Paris
...et aussi "Dante nous hante" les chemins de la philosophie (diffusé le 23/10 sur France Culture)
la Barque de Dante ou Dante et Virgile aux enfers, par Eugène Delacroix - Musée du Louvre
La vision de l’Enfer, par Gustave Doré © Metropolitan Museum
« Ce que j’aime en Wagner, c’est Liszt »
C’est ainsi que s’exprime le compositeur Philippe Hersant cité dans un livre contradictoire mais réjouissant, L’anti Wagner sans peine de Pierre René Serna qualifié « d’impertinent et salutaire, coup de pied dans la fourmilière des pèlerins de Bayreuth » par la critique. Serna dénonce dans l’une des rubriques « Emprunts » ceux de Wagner à ses devanciers ou contemporains tels que Mozart, Beethoven, Meyerbeer, Mendelssohn, Berlioz et Liszt.
Pour continuer dans le sens de l’emprunt, mentionnons une intéressante conférence donnée dans le cadre du Cercle Wagner de Lyon par Christophe Looten : « Ce que nous apprend le journal de Cosima Wagner » :
-
Le 25 janvier 1875 Richard et Cosima viennent de recevoir un oratorio de Liszt Les Cloches de la cathédrale de Strasbourg qui les déconcerte, il ne leur plait pas plus que ne leur ont plu les poèmes symphoniques de Liszt. Et pourtant à bien écouter le début de l’Excelsior de l’oratorio, on retrouve le thème du Saint Graal que Wagner développera pendant cinq heures dans Parsifal (1877-1882).
-
Le 27 avril 1878, Cosima après avoir évoqué l’indicible modestie de son père cite Wagner qui reconnait avoir volé bien des choses chez Liszt. Un peu plus tard Wagner dira « tout est noble, princier, grandeur en lui ». Wagner admire l’homme mais moins le compositeur et C Looten nous fait sentir à la lecture du journal le complexe d’infériorité, voire la jalousie de Wagner à l’encontre de son beau-père.
Si vous n’avez pas le temps d’écouter l’intégralité de la conférence, ce qui serait dommage, allez de la minute 49 à la 58 qui vous permettront une comparaison auditive des deux œuvres avec le commentaire du très pro-wagnérien C. Looten ne pouvant que magnifier la composition de Wagner.
cliquez ici pour l’accès à la conférence de C. Looten
Qu’en pensait le premier intéressé ? Franz Liszt a toujours été un admirateur indéfectible de l’œuvre de Wagner. Nicolas Dufetel en témoigne dans son livre original Tout le ciel en musique (1) dans lequel il cite les « pensées intempestives » de Franz Liszt : « Si j’avais un livre à faire sur Wagner, je prendrais volontiers pour épigraphe ce mot de Victor Hugo au sujet de Shakespeare : « j’admire tout-j ‘admire comme une brute ». « Il est des moments où je remercie Dieu de mon existence ; Wagner me les a fait ressentir plus intensément qu’aucun grand génie, ses confrères ».
Prêt à tout pardonner à son gendre, Liszt, quand ses élèves lui faisant remarquer que Wagner l’avait encore copié, répondait que c’était flatteur d’être copié par un génie.
(1) Tout le ciel en musique, pensées intempestives, Nicolas Dufetel, éditions Le Passeur 2016
Pour compléter vos connaissances musicales sur ces deux grands musiciens, lisez sur notre site la passionnante conférence « Liszt et Wagner » faite par le musicologue François Sabatier à l’église Saint- Eustache de Paris le 13 mai 2018
cliquez ici pour avoir accès à la conférence de François Sabatier
Les Cloches de la cathédrale de Strasbourg
Sardanapalo
l'opéra en italien retrouvé de Franz Liszt
Enfoui dans les archives de Weimar, dépoussièré par David Trippet, le premier acte a été monté à Weimar et joué les 19 et 20 août 2018. Franz Liszt en avait démarré la composition à Weimar en 1849
Voir dossier de présentation du site
Forum Opéra.com
La mort de Sardanapale - Eugène Delacroix 1827 Musée du Louvre
Pour ce qui est de la précocité de Franz Liszt en matière musicale, écoutez sur YouTube l'ouverture de "Don Sanche", opéra qu'il a composé à l'âge de 13 ans.
"Les Années de Pèlerinage"
Ce cycle se compose de trois années : la première évoque la Suisse, les deux autres l'Italie. Toutes les pièces sont d'une grande profondeur poétique, et souvent d'inspiration littéraire, en particulier par des références explicites à Pétrarque, Schiller, Byron ou Dante. Le 2 mai 1832, Liszt écrivait dans une lettre à un de ses premiers élèves, P. Wolf : « Voici quinze jours que mon esprit et mes doigts travaillent comme deux damnés : la Bible, Platon, Locke, Byron, Hugo, Lamartine, Chateaubriand, Beethoven, Bach, Hummel, Mozart, Weber sont tout à l'entour de moi ; je les étudie, je les médite, les dévore avec fureur. »1 C'est dans cet état d'esprit de fièvre intellectuelle et artistique qu'il écrit le cycle des Années de pèlerinage.
Au moment de sa rencontre passionnelle avec Marie d'Agoult en 1833, le compositeur est donc déjà plongé dans cette quête intellectuelle qui « contient en germe toutes les dispositions psychiques qui vont orienter Liszt vers la recherche de l'absolu, par les moyens des amours humaines, de l'art et de la religion. C'est à la lumière de ces aspirations multiples que s'élaborent les premières pièces des Années de pèlerinage dont les différentes étapes conduisant à la version définitive s'échelonneront presque jusqu'à la fin de sa vie. ».
Liszt et Marie d'Agoult s'étaient rencontrés lors d'un concert dans un salon de la noblesse parisienne. La comtesse a alors vingt-huit ans, l'artiste six ans de moins. Malgré leur différente position sociale, ils éprouvent aussitôt une violente passion réciproque. Pour lui, elle quitte son mari, le riche comte Charles Louis Constant d’Agoult, de quinze ans son aîné, en 1835. Ils fuient alors la France et arrivent à Genève le 21 août 1835 ; Liszt y dirige la classe de piano du Conservatoire et se produit en artiste international. Au cours de ses excursions comme au hasard de ses lectures, le compositeur confie alors au piano ses impressions ; ainsi naissent 19 pièces destinées aux trois cahiers de l'Album d'un voyageur (1836) dans des pays « consacrés par l'histoire et par la poésie ». Après un tri sévère, certaines d'entre elles sont constitutives des Années de pèlerinage*.
* source Wikipédia
Senancour (1770-1846) la gloire auprès des romantiques
Il fut élevé à Paris, puis chez un curé de campagne près d'Ermenonville, à Fontaine Chaâlis, où il se prit de passion pour Rousseau. Mélancolique et solitaire, il souffrit au collège des sarcasmes de ses camarades. Il s'enfuit le 14 août 1789, pour éviter le séminaire auquel son père le destinait, ce qui lui valut de figurer sur la liste des émigrés.
Il s'installa en Suisse, fit un mariage malheureux, vit sa santé décliner. Il revint en 1795 à Paris, où il venait de publier un récit, Aldomen, ou le Bonheur dans l'obscurité. En 1799, il publia ses Rêveries sur la nature primitive de l'homme, où alternent contemplation des paysages de montagne, expression de la mélancolie, désir de changer la société. Oberman (1804) est le roman qui lui vaudra la gloire auprès des romantiques. Son amertume s'exprime à travers le journal intime d'un héros malheureux, dévoré d'ennui, de doutes et d'inquiétudes. Rêveries et descriptions de la nature y tiennent une grande place. Sainte-Beuve puis George Sand louèrent ce roman, passé presque inaperçu du vivant de son auteur, malgré l'attention que lui porta Charles Nodier.
Liszt a intitulé Vallée d'Oberman l'une des pages des années de pèlerinage (la Suisse), où il a fait figurer une citation de l'œuvre de Senancour « Que veux-je? Que suis-je? Que demander à la nature ? »
(Source Wikipédia)
Les conférences des Lisztomanias international
"Bohémianiser la langue : Liszt écrivain"
A propos de "Des Bohémiens et de leur Musique en Hongrie" de Franz Liszt
Conférencier : Sarga Moussa Directeur de recherche au CNRS
A partir de l’ouvrage Des Bohémiens et de leur musique en Hongrie (1859), Sarga Moussa montrera que, contrairement à une idée répandue, Liszt avait une connaissance étendue de la langue française et cela même si c’était sa seconde langue (après l’allemand) et si la princesse Sayn-Wittgenstein, avec qui il vivait à Weimar, a contribué à la rédaction des ouvrages publiés par lui.
Par l’emploi tout à fait conscient de mots d’origine étrangère, d’un vocabulaire spécialisé, ou encore de termes anciens, Liszt travaille la langue française de l’intérieur et fait preuve d’une créativité qui se manifeste également par une sensibilité particulière aux rythmes et aux sonorités.
La langue française de Liszt est une langue métissée, « bohémianisée » : elle est, comme sa musique, d’une étonnante modernité.
Sarga Moussa est directeur de recherche au CNRS, Centre National de la
Recherche Scientifique, à Paris, Directeur-adjoint de l’UMR THALIM (CNRS-Université Sorbonne Nouvelle-ENS).
Spécialiste de l’orientalisme littéraire et du récit de voyage en Orient, en particulier aux xixe et xxe siècles, il s’intéresse plus largement à la représentation des altérités culturelles dans la littérature française, à la question de l’esclavage, à la notion de cosmopolitisme, et aux études post-coloniales. En savoir plus Cliquez ici
2020 l'année Beethoven,
Beethoven inspirateur de la période romantique
En 1840 Franz Liszt est en pleine période de gloire, la « star » européenne constitue une vitrine de choix pour le facteur de pianos Conrad Graff (Vienne) qui passe commande au peintre autrichien Joseph Danhauser d’une représentation du compositeur environné d’une société idéale de musiciens, d’hommes de femmes de lettres et d’artistes animés par la passion de la musique romantique.
Etienne Pivert de Senancour
Sarga Moussa
Pour agrandir l'image Cliquez ici.
On y trouve Paganini, Rossini, Victor Hugo, Alexandre Dumas, George Sand, Marie d’Agoult et Byron le portrait au milieu de l'image. Tous sont dans une posture d’adoration du Maître, Liszt "le passeur" en communion avec le buste de Beethoven.
Les partitions négligemment posées sur le pupitre laissent apparaître « Marcia funebre sulla morte d’un Eroe », le troisième mouvement de la Sonate pour piano n°12 opus 26 jouée lors de ses funérailles en 1827.
Démarche symbolique, Liszt ne regarde pas la partition mais plonge son regard dans « les yeux vides de l’illustre compositeur » qu’il admirait profondément et dont il était un des plus grands interprètes. Pour en savoir plus ce ce tableau voyez la synthèse de Christophe Corbier Cliquez ici...
Il avait activement participé, grâce aux nombreux concerts donnés en son hommage, à l’édification de la statue de Beethoven sur la Münsterplaz à Bonn que les membres des Lisztomanias international auront l’occasion de visiter lors de la croisière sur le Rhin qui se déroulera en septembre 2021.
Soirée magique à la Roque d'Anthéron
Un de nos contributeurs mélomane, Marc Lannuzel, a réussi à nous faire entrer dans la magie d'un récital lisztien donné par Bertrand Chamayou à la Roque d'Anthéron cet été.
"En cette belle soirée du 10 août, alors que le crépuscule n'était pas encore là, nous remontions l'allée bordée de grands arbres du Château de Florans, hâtant nos pas vers l'auditorium de La Roque d'Anthéron où Bertrand Chamayou devait donner son récital. Fébriles oui nous l'étions tant la crise sanitaire nous avait privés de festivals et de concerts depuis le printemps. Pourtant dans la douce brise embaumée de Provence, aucune attente, aucune exigence. Seuls un apaisement et un abandon de tous les sens en prélude au romantisme lisztien que nous allions goûter.
Le "Sposalizio" tout d'abord avec lequel Bertrand Chamayou nous fait entrer dans la rêverie que l'écho visuel des grands arbres entourant l'auditorium à ciel ouvert et le vol de grands oiseaux ne font que magnifier. Puis clin d'œil à l'époux de Cosima dans un "Parsifal" arrangé pour le piano et qui nous plonge alors dans une quasi extase de communion ! Légèreté estivale et élégiaque ensuite avec "Les Jeux d'Eau de la Villa d'Este". Avec "La Lugubre Gondole", la nuit était déjà là et avec elle un lent périple de mélancolie et de langueur suave où scintillent encore mes souvenirs vénitiens. D'autres pièces enfin, témoins irréfutables de la fascination (amour ?) de Liszt pour l'Italie dans ces "Années de Pélerinage" italiennes.
La surprise vient après le concert, quand un Bertrand Chamayou très ému de pouvoir rejouer en public nous offre pas moins de sept bis ! Ravel, Saint Saëns, Debussy (dont "Clair de Lune" très à propos ce soir là à la Roque d'Anthéron). L'extase musicale du public, la communion entre ce public et le musicien, la générosité pure de Bertrand Chamayou, feront de ce récital du 10 août un grand moment de lumière dans une année noire. "
Bertrand Chamayou, un grand lisztien
Site Internet Cliquez ici
Les Sept rappels de Bertrand Chamayou à la Roque d'Anthéron août 2020 - Vidéo de Paul Regnier
Récital autour de Liszt et Beethoven Nicolas Stavy à la BNF
il s'agit d'un récital en ligne qui a eu lieu le 3 décembre 2020 à la BNF.
Au cœur de ce récital de piano, bâti autour de l’anniversaire de Beethoven et de ses œuvres conservées dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France, Nicolas Stavy interprète l’Appassionata, Trois pièces de Liszt, grand admirateur du maître allemand, sont également au programme : Après une lecture du Dante, immense fresque romantique et Du berceau jusqu’à la tombe, une pièce rarement jouée dont la BnF détient la première version et la Consolation n°3.
Pour revoir ce concert du 3 décembre sur internet Cliquez ici
Site internet et actualité de Nicolas Stavy Cliquez ici
Nicolas Stavy